sábado, 1 de marzo de 2008

LE HAUT SOLEIL FAIT ROUGEOYER LES MUSCLES DU VENT


(PREMIÉRE PIERRE)

Il naquit, tous les vents dans la main
dressant sa tête insolite
sur la chaude épaule d’un espoir obscur

Il marqua peu à peu le vaste territoire de son corps
retint les griffes indélébiles de la mort
et se mit à marcher sur le sable de ses pas.

(DEUXIÉME PIERRE)

Sur les dunes glissent
les souffles de l’aube

La lumière matinale souligne
l’ombre toujours immobile du chemin de sable

Le silence s’enfle en une symphonie sans fin

Les plantes et les roches
pulsent d’une vie intérieure
qui ne connaît pas de repos

Seul l’homme s’emerveille de son corps.

(TROISIÈME PIERRE)

Nous parcourûmes l’incommensurable espace du paysage
le sud s’éloignait par-delà les montagnes bleues
Nous traçâmes un cercle imaginaire
où tous les hommes et les choses el les jours
se tenaient les uns face aux autres
reconnaissant les visages et les signes aimés

Je fus le premier à mouvoir les pieds pour une danse
puis tout le cercle se mit à tourner avec le soleil
“c’est le désert qui nous anime” –dis-je
et la musique retentissait de plus belle en nos corps.

(QUATRIÈME PIERRE)

Nous marchions à grandes enjambées
l’horizon était une ligne de feu et de mirage
Nous marchions
portant toutes les tristesses de l’exil
et notre marche était effacée par d’autres sables.

(CINQUIÈME PIERRE)

Dans le désert brûlent les peines
des hommes fatigués

Il n’y a plus d’horizon

Au-delà de tout ce qui a été vu
réside la tristesse du sable

Où le vent lève-t-il
son voile de soif?

Au milieu du désert
naissent les rêves de l’ombre

Tout est posible.

(SIXIÉME PIERRE)

Les tambours chauds de l’été retentirent
à l’oreille neuve du soir
Depuis la lumière béante, sifflait le temps insaisissable
Sur les toits moisis
pulsaient impatiemment les lances verticales de l’effroi

Une femme à la haute poitrine
prit dans ses mains le sable du desert
et le répandit dans toutes les directions
formant ainsi le brouillard inespéré.

(SEPTIÈME PIERRE)

Elles sont si longues les heures du crépuscule
sur le mond désert
Filles du soleil
elles chevauchent joyeuses
la plaine de poussière

Nous nous regardons dans les yeux épris d’un amour primaire
Nous nous touchons
avec l’âpreté naturelle de l’étincelle.

(HUITIÈME PIERRE)

Nous voyons choir les lentes heures du crépuscule
sur le sable fugace de tes mains

L’ultime instant de la lumière
simule des ombres rougeâtres ou verdoyantes

A chaque pas
un monde désert d’espérances
un muet dépouillement d’impatiences

La memoire lève ses hauts yeux
pour regarder cette autre face du paisaje.

(NEUVIÈME PIERRE)

Nous avons creusé dans le sable
la tombe du surlendemain
Nous avons creusé si profond
que nos visages se sont effacés
Quelqu’un a levé la main dans l’obscurité et a dit:

“Le désert de nos peines
l’humble désert de l’espérance”

Là où seul le cri de l’amour résonne
souffle en silence le vent de jamais.

(DIXIÈME PIERRE)

Nous sommes venus semer a terre avec la sueur et le sang de la foi
le sable est monté peu á peu au point d’ensevelir les maisons des pionniers

Nous étions peu nombreux à subsister
et nous avons vu les soleil au zénith
les cactus tels les âmes en peine
de ceux qui sont morts de faim et de soif
les pluies de poussière et de d’eau battant les toits de bois

Nous
les derniers
nous aimons le confort et l’idolâtrie
nous vivons à notre aise dans le péché.


Traduction Adrien Pellaumail







EL ALTO SOL ENROJECE LOS MÚSCULOS DEL AIRE

(PRIMERA PIEDRA)

Nació con todos los vientos en la mano
alzaba su cabeza insólita
sobre el hombro caliente de la esperanza ajena

Fue marcando el territorio extendido de su cuerpo
sujetó las garras indelebles de la muerte
y echó a andar sobre la arena de sus pasos

(SEGUNDA PIEDRA)

Suben por las dunas
las respiraciones del alba

La luz de la mañana muestra
la siempre quieta sombra del camino de arena

El silencio se crece en una sinfonía interminable

Las plantas y las rocas
laten una vida interior
que no descansa

Sólo el hombre se admira de su cuerpo.

(TERCERA PIEDRA)

Fuimos recorriendo el espacio incontenible del paisaje
el sur quedaba atrás de las montañas azules
Marcamos un círculo imaginario
donde todos los hombres y las cosas y los días
se paraban unos frente a otros
reconociendo los rostros y las señas queridas

Yo fui el primero en alzar los pies en una danza
luego todo el círculo giraba con el sol
"es el desierto el que nos mueve" - dije
y la música sonaba más fuerte en nuestros cuerpos.


(CUARTA PIEDRA)

Caminábamos a grandes saltos
el horizonte era una línea de fuego y espejismo
Caminábamos
con todas las tristezas del destierro
y nuestro andar era borrado por otras arenas.

(QUINTA PIEDRA)

En el desierto arden las penas
de los hombres cansados

No existe el horizonte

Más allá de lo visto
reside la tristeza de la arena

¿Dónde levanta el viento
su vestido de sed?

A mitad del desierto
nacen los sueños de la sombra

Todo es posible.

( SEXTA PIEDRA)

Sonaron los tambores calientes del verano
en el oído nuevo de la tarde
Desde la luz abierta silbaba el tiempo escurridizo
Sobre los techos enmohecidos
con impaciencia latían las lanzas verticales del asombro

Una mujer de altos pechos
tomó en sus manos la arena del desierto
esparciéndola en todas direcciones
hasta formar la niebla inesperada.

(SÉPTIMA PIEDRA)

Son tan largas las horas del crepúsculo
sobre el desierto mundo
Hijas del sol
cabalgan jubilosas
la llanura del polvo

Nos vemos a las caras con un amor primario
Nos tocamos
con el encono natural de la chispa.

(OCTAVA PIEDRA)

Vemos caer las lentas horas del crepúsculo
sobre la esquiva arena de tus manos

El último momento de la luz
simula sombras rojizas o verdeantes

A cada paso
un mundo desierto de esperanzas
un callado despojo de impaciencias

La memoria levanta sus altos ojos
para mirar esta otra cara del paisaje.

(NOVENA PIEDRA)

Hemos cavado en la arena
la tumba del pasado mañana
hemos cavado tan profundo
que nuestros rostros se han borrado
Alguien alzó su mano en la oscuridad y dijo:

"El desierto de nuestras penas
el humilde desierto de la esperanza."

Dónde sólo el grito del amor se escucha
bate sigiloso el viento de nunca.

(DÉCIMA PIEDRA)

Venimos a sembrar la tierra con el sudor y la sangre de la fe
la arena fue subiendo hasta cubrir las casas de los pioneros

Los pocos que quedamos
hemos visto el sol a mediodía
los sahuaros como almas en pena
de los que murieron por el hambre y la sed
las lluvias de polvo y agua azotando los techos de madera

Nosotros
los últimos
amamos el confort y la idolatría
vivimos cómodamente en el pecado.

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